Ep. 2-3: La vie avant la mort

Depuis des milliers d’années, des armées de clercs nous promettent la vie après la mort en nous formatant au passage la vie avant la mort avec un bonne liste d’interdits. Par chance, la curiosité et l’intelligence artificielle vont changer tout ça.

Dans l’antiquité, la créativité était officiellement un crime appelé Hubris car la création ne pouvant être que divine, alors s’y livrer c’était se prendre pour un dieu. C’est mal de se prendre pour Dieu, surtout quand on peut parler à sa place. La plupart des régimes de l’Histoire étant peu ou prou autoritaires, la curiosité y a toujours été mal vue également. L’éducation traditionnelle, qui est encore celle que nous avons subi, passe par la répétition et couvre de louanges la mémoire. Mémoriser. Répéter. Circulez.

Lorsque j’étais étudiant, j’ai stupidement cru mon professeur de chimie organique qui disait que la prédiction des réactions passaient par le compréhension de quelques mécanismes de base SN1 SN2 et hop! Ayant échoué trois fois à l’examen de cette unité, j’ai découvert trop tardivement l’embrouille: il suffisait d’apprendre par coeur une centaine de réactions de cours et de les assembler pour l’avoir cet examen. Bref arrêter de réfléchir.

J’entendais une remarque bien vue: Dans les années 80, on pensait que si les gens étaient cons c’était parce qu’ils n’avaient pas accès au savoir, à l’information, en un mot… à internet. Aujourd’hui force est de constater que ce n’était pas ça.

Mémoriser et répéter : l’informatique fait ça depuis les années 70. Digérer et prédire, c’est ce que propose l’intelligence artificielle, et elle le fait de mieux en mieux. Elle s’attèle maintenant à comprendre.

Mais que faire de ces IA qui savent apprendre à prédire?

Dans le processus créatif, il y a toujours une phase de multiplication des possibles. C’est à dire de foisonnement d’idées. Aujourd’hui, ne nous voilons pas la face, pour obtenir cet effet, les créatifs boivent. Ou alors ils fument, ou au moins se saoulent de paroles dans des cafés bondés Le processus créatif semble passer par une phase d’étourdissement et historiquement, la plupart des créateurs, des investigateurs s’allient à la chimie, de l’alcool à l’opium pour aller d’Hemmingway à Sherlock Holmes dans une vertigineuse perspective. L’étude Kyaga montre d’ailleurs d’intéressantes corrélations entre la mélancolie, noyée dans l’alcool ou pas, et la créativité.

Cette vérité qui dérange, met simplement en évidence qu’on ne produit pas de nouveau dans la tradition, pas de cas particuliers dans la répétition.

L’intelligence artificielle ne fait que ça. Elle propose des possibles, des images, des textes, des idées, des opportunités et cela sans avoir besoin de picoler.

Par exemple pour mes conférences, j’ai un réseau de neurones entrainé sur tout ce que j’écris soit environ une base de 2 millions de caractères (ce n’est pas beaucoup en fait, un tiers de Shakespeare qui lui n’avait pas de clavier). Je l’interroge pour la préparation et il me reconstitue des bribes de textes. À moi de choisir, de créer. Étymologiquement, créer signifie enfanter. C’est à dire certes construire, architecturer, mais aussi faire croitre et enfin laisser vivre. Le processus artistique et scientifique en somme.

Donc il y a une vie avant la mort, explorons-là et soyons curieux.


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